Par Pascal P
Il y a des instants, je me demande si la grâce ne touche pas des familles entières par un petit côté « pied de nez » car après cet été avoir vu la Savoy Family, ou avoir apprécié la Carter family voici la O’Connor Family au grand complet. Et je peux vous dire que dans un cas comme dans l’autre c’est géant !!
Je remercie l’agence de presse en la personne de Ashley Moyer et Concorde Music Group pour nous mettre à disposition cet album, mais surtout une documentation nous permettant d’aller bien plus loin qu’une simple chronique de disque. En effet nous apprenons que Mark se remémore qu’il y a bien des années alors qu’il n’avait que 12 ans il était là (au bord de la scène du Grand Ole Opry) et que ce soir-là c’est le grand Roy Accuff qui allait le présenter. Oui, et plus de 40 années plus tard, il est de nouveau là dans les coulisses de Grand Ole Opry mais cette fois il n’est pas seul… Forrest (son fils à la mandoline), Kate Lee (la fiancée de Forrest au violon et chant), Maggie (épouse de Mark au violon et chant) ainsi que Joe Smart (Guitare) et Geoff Saunders (Basse) vont entrer avec lui sur cette scène mythique. Cela ne fera que trois violons pour une explosion certes contrôlée mais géante tout de même … et je peux vous le dire déjà par avance car écrivant cet article j’ai dans les oreilles « Coming Home » leur premier disque en commun et celui-ci me rend déjà dithyrambique.
D’ailleurs ce soir-là devant un public déjà acquis, ils produisent avec tout d’abord un classique puis enchaînent avec le titre « Coming Home » écrit par Forrest … ils jouent donc uniquement deux titres et à peine fini, ayant serré quelques poignées de mains d’autres artistes … Maggie dit « il est l’heure d’aller dormir demain nous prenons la route à 5h du matin » … c’est le lot des groupes familiaux (pas uniquement) et dans le registre du Bluegrass ils sont et ont été nombreux parmi eux citons : The Carter Family, The Stonemans, The Whites, même The Band Perry.
On ne présente plus Mark O’Connor multi-récompensé pour son jeu au violon mais aussi guitare et mandoline (Grammy et CMA awards). Il a joué avec un nombre vertigineux d’artistes parmi les plus légendaires et entre autres nous citerons Bill Monroe, Earl Scruggs, Johnny Cash ou George Jones… etc… etc.
Une carrière bien établie qui semble ne pas avoir de limite, des challenges maîtrisés et pourtant avec ce projet familial et ce disque « Coming Home » il dit lui-même : « J'ai enregistré sur au moins 500 albums mais je dois dire qu'il y a très peu d'éventualité que j'ai été aussi fier que d’avoir réalisé, participé à cet album du O'Connor Band. Avec l'aide du co-producteur ayant gagné déjà plusieurs Grammy Gregg Field et de l’ingénieur du son Neal Cappellino, nous produisons un disque ou nous maîtrisons les écarts, parfois immenses, entre un bluegrass progressif, la Country Music et l’Indie Folk. Nous créons quelque chose qui est également très viable commercialement.".
Forrest a grandi entre le Tennessee et le Colorado, et qui, même s’il joue de la mandoline et de la guitare, a longtemps hésité a embrassé la même carrière que son père. Dans un premier temps il se jette dans les études s’inscrivant à Harvard où il croule comme beaucoup sous la charge de travail… pourtant et peut-être comme exutoire il pratique dans les sous-sols et le dortoir de l’université la mandoline. Il obtient son diplôme et commence à travailler dans une start-up dont il est le co-fondateur « Concert Windows » mais en 2014 il décide d’entreprendre une carrière musicale sérieuse … en riant, il avoue « je commence peut-être sur le tard mais j’étais tellement préparé qu’en fait tout ceci est dès plus naturel pour moi ». Parlant de ce disque, premier disque en commun, il avoue qu’il a fallu attendre toutes ces années pour permettre que les sensibilités de chacun puissent se fondre avec celles des autres.
Il est vrai qu’en écoutant ce disque il y a une authentique diversité de sonorités, d’influences allant même jusqu’à la musique classique et cela nous transperce comme une flèche d’évidence.
La voix de Kate et de Maggie nous renvoie à Alison Krauss sans aucun doute mais peut-être avec une rondeur et une force plus présente ; avec en moins ce côté feutré que l’on connaît à Alison. Je ne compare pas pour faire une simple comparaison mais pour vous donner la vision qui est la mienne des chansons de ce disque où les voix féminines s’envolent vers la perfection renforçant encore et toujours les jeux d’instruments pratiqués en virtuoses.
D’ailleurs Kate est tombée dans la marmite toute aussi jeune que Mark puisqu’elle aura sa formation Kate Lee & No Strings alors qu’elle n’a que 12 ans (précocité lorsque tu nous tiens !!!..). Elle jouera avec de grands noms de la country d’aujourd’hui comme Martina McBride, Lady Antebellum, Vince Gill, Jennifer Nettles et Rascal Flatts. Et elle collabore avec Pat Alger compositeur pour les plus grands dont nous ne donnerons qu’un seul exemple avec Garth Brooks.
Maggie est plus dans les cœurs et les harmonies en produisant le contre-chant sur une octave plus basse tout en jouant du violon c’est la seule à détenir un master en musique (université Johns Hopkins). Originaire d’Atlanta, elle participe à de nombreux groupes de Bluegrass, Country mais aussi de Jazz. Elle poursuit ensuite en commençant à jouer avec Mark tout en réalisant des missions pour l'Orchestre chinois de Singapour ; l'Académie Leopold Auer en Hongrie et le Berlin Konzerthaus en Allemagne.
Une famille diverse en influences, en parcours et qui explose dans ce disque de douze plages.
On commence part « Always Do » qui nous donne vraiment l’impression (fausse) d’être en présence d’Alison Krauss. Puis nous arrive le titre « Coming Home » écrit par Forrest O’Connor et qui est dans un registre entre Bluegrass et Country Music. Un joli rythme qui nous tient par notre neurone musical.
« I Haven’t Said I Love You in A While » est une douceur et nous donne à entendre la voix chaleureuse tout d’abord de Forest suivi de celle de Kate & Maggie en enchainement.
On explose enfin avec « Ruby, Are You Mad At Your Man ? » un traditionnel qui fut écrit par Mae Carver et dans lequel l’ensemble des éléments principaux du Bluegrass se font jour autant dans les vocaux que dans le jeu virevoltant des instruments.
C’est dans le morceau suivant « What Have I Been Saying ? » que l’on recent dans une chanson plutôt Folk poindre une note classique autant dans l’intro que dans le corps de cette chanson par le jeu au violon et violoncelle (ou contrebasse jouée avec archet). Même le chant nous ramène vers des formes plus classiques.
On enchaîne avec « Jerusalem Ridge » une composition d’un grand et iconique Bill Monroe. Rien d’autre à ajouter au sujet de ce titre juste qu’il n’est en aucun cas à bipasser !!!
Un titre « The Sweet Ones » plus traditionnel Bluegrass et qui de la main de Kate Lee nous fait plonger dans cet océan aux flots harmonieux et délicieux.
Deux titres plus loin, nous tombons (à la renverse) avec ce « Fishers Hornpipe » traditionnels, parmi les traditionnel mais qui ici avec la maestria des O’Connors prend une dimension incroyable, magique, époustouflante… allez-vous tomber messieurs, mesdames en amour de la Bluegrass Music avec ce titre… oui, oui et re-oui sans l’ombre d’un doute, d’une hésitation vous serez conquis, vaincu !
On se rapproche de la fin et entre « Old Black creek » Kate Lee avec Pat Alger et « Fiddler Going Home » Marc O’Connor, je vous laisserai choisir et si personnellement c’est déjà fait je ne partagerai pas ici mon goût vous laissant la liberté de la conclusion…………………………………………